mercredi 29 février 2012

Le beurre de karité

Permettez-moi d’interrompre la description de mon voyage dans la région Bobo-Dioulasso-Banfora pour vous parler de deux sujets dont j’ai envie de vous entretenir depuis longtemps : le beurre de karité et mon expérience chez le coiffeur (chronique séparée).

Au Burkina, le beurre de karité c’est comme de l’or! Je n’en reviens pas des multiples usages de cette denrée. On s’en sert d’abord dans l’alimentation entre autre pour la friture et Marie-Odile me dit qu’elle s’en sert pour aromatiser une sauce feuille particulière à sa culture (les Dagarats) mais il semble que la saveur est particulière et ne plait pas à tous. Ensuite, c’est une excellente pommade pour la peau. Parfumé à l’aloès, au citron, à la noix de coco, au miel, à la vanille, aux fleurs de Neems ou tout simplement nature, il est un peu huileux mais rend la peau extrêmement douce tout en l’hydratant et, paraît-il, en la protégeant contre le soleil. Quand les enfants ont le rhume, on les frotte au beurre de karité tout comme nos mères nous frottaient avec le Vicks Vaporub. Les gens l’utilisent aussi dans les narines, pour empêcher l’assèchement mais surtout pour capter les poussières, porteuses de nombreuses maladies. Lors de mon voyage dans la région Bobo-Banfora, j’ai appris qu’on fabriquait des briques avec de l’argile et du beurre de karité (en ajoutant parfois aussi de la paille). La magnifique mosquée de Bobo est d’ailleurs fabriquée avec des briques d’argile et de beurre de karité. Je vous enverrai une photo de la mosquée lorsque je vous parlerai de ma visite de Bobo. Je viens d’apprendre que les fruits du karité sont comestibles et même très prisés. Aussi, certains ont commencé à produire des crèmes et pommade contenant de la pulpe du fruit.

Deux des membres de notre équipe, Micheline et Lise ont passé presque 3 semaines dans une fabrication industrielle de beurre de karité. J’ai eu l’occasion de les visiter et même de mettre la main à la pâte. Je peux donc vous dire qu’industriel est un bien grand mot car le seul procédé automatisé est le concassage des noix (que je n’ai pas observé personnellement) et même là, s’ils font seulement une petite quantité de beurre, ils concassent à la main avec un pilon. J’ai vite compris pourquoi Lise et Micheline ont tant apprécié leur séjour de travail là-bas car malgré la barrière de langue, ils ont développé une réelle complicité avec les femmes avec qui elles travaillaient. La bonne humeur règne dans cette petite entreprise et la journée de travail est à peine entamée que les femmes se mettent à chanter et celles qui attendent leur tour au malaxage dansent et tapent des mains. La petite Awa, 1 an, fille d’une des travailleuses participe joyeusement à la fête! Si vous avez quelques minutes, prenez le temps de visionner le vidéo ci-inclus. Vous verrez comment c’est chaleureux. D’ailleurs, c’est Sylvie qui filmait avec ma caméra le jour que nous avons visité et vous pouvez donc me voir les mains dans la pâte! Vous verrez d’ailleurs que je suis coiffée à l’africaine! Oui, oui, je suis passée chez le coiffeur ici, toute une expérience que je vous raconterai un autre tantôt. 




Les hygiénistes de mon équipe seront particulièrement intéressés par ce vidéo qui démontre qu’il y a tout un travail à faire du côté hygiène industriel dans cette entreprise, particulièrement du côté ergonomie et sécurité. Entre autres, pendant le tournage de mon vidéo, le banc sur lequel 3 grands bacs étaient installés pour le malaxage et le barratage est tombé, heureusement sans blesser personne et sans renverser le beurre. Cela aurait pu causer des fractures  aux pieds ou aux orteils puisque toutes travaillent en tapettes (qu’on appellerait « gougounes » ici) ou pieds nus! Et du beurre de karité renversé partout aurait pu causer de nombreuses chutes puisque c’est extrêmement glissant. 

Et pour l’ergonomie, vous verrez que c’est un travaillant passablement éreintant puisque ce sont des mouvements répétitifs avec le dos penché au-dessus du bac. Je dois vous dire que j’ai une grande admiration pour Lise qui a une énergie peu commune pour une femme de 75 ans. Alors que moi, j’ai dû interrompre le barattage à un moment donné car mes bras se fatiguaient, elle a tenu sans broncher le rythme de sa collègue africaine qui partageait le bac avec elle!  

1 commentaire:

  1. Chère Louise,

    Merci pour ce merveilleux topo. J'imagine que notre vision des choses en hygiène du travail n'est pas la même que les Burkinabés... Parfois je me demande si vraiment nous tenons ici au Québec les vraies choses pour acquises... Tout est relatif quand il s'agit de cultures différentes.
    Bonne expédition dans le désert et amène un GPS!!

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