Permettez-moi
d’interrompre la description de mon voyage dans la région
Bobo-Dioulasso-Banfora pour vous parler de deux sujets dont j’ai envie de vous
entretenir depuis longtemps : le beurre de karité et mon expérience chez
le coiffeur (chronique séparée).
Au Burkina,
le beurre de karité c’est comme de l’or! Je n’en reviens pas des multiples
usages de cette denrée. On s’en sert d’abord dans l’alimentation entre autre
pour la friture et Marie-Odile me dit qu’elle s’en sert pour aromatiser une
sauce feuille particulière à sa culture (les Dagarats) mais il semble que la saveur est particulière et ne plait pas à tous. Ensuite, c’est une excellente pommade pour la peau. Parfumé à
l’aloès, au citron, à la noix de coco, au miel, à la vanille, aux fleurs de
Neems ou tout simplement nature, il est un peu huileux mais rend la peau
extrêmement douce tout en l’hydratant et, paraît-il, en la protégeant contre le
soleil. Quand les enfants ont le rhume, on les frotte au beurre de karité tout
comme nos mères nous frottaient avec le Vicks Vaporub. Les gens l’utilisent
aussi dans les narines, pour empêcher l’assèchement mais surtout pour capter
les poussières, porteuses de nombreuses maladies. Lors de mon voyage dans la
région Bobo-Banfora, j’ai appris qu’on fabriquait des briques avec de l’argile
et du beurre de karité (en ajoutant parfois aussi de la paille). La magnifique
mosquée de Bobo est d’ailleurs fabriquée avec des briques d’argile et de beurre
de karité. Je vous enverrai une photo de la mosquée lorsque je vous parlerai de
ma visite de Bobo. Je viens d’apprendre que les fruits du karité sont
comestibles et même très prisés. Aussi, certains ont commencé à produire des
crèmes et pommade contenant de la pulpe du fruit.
Deux des
membres de notre équipe, Micheline et Lise ont passé presque 3 semaines dans
une fabrication industrielle de beurre de karité. J’ai eu l’occasion de les
visiter et même de mettre la main à la pâte. Je peux donc vous dire
qu’industriel est un bien grand mot car le seul procédé automatisé est le
concassage des noix (que je n’ai pas observé personnellement) et même là, s’ils
font seulement une petite quantité de beurre, ils concassent à la main avec un
pilon. J’ai vite compris pourquoi Lise et Micheline ont tant apprécié leur
séjour de travail là-bas car malgré la barrière de langue, ils ont développé
une réelle complicité avec les femmes avec qui elles travaillaient. La bonne
humeur règne dans cette petite entreprise et la journée de travail est à peine
entamée que les femmes se mettent à chanter et celles qui attendent leur tour
au malaxage dansent et tapent des mains. La petite Awa, 1 an, fille d’une des
travailleuses participe joyeusement à la fête! Si vous avez quelques minutes,
prenez le temps de visionner le vidéo ci-inclus. Vous verrez comment c’est
chaleureux. D’ailleurs, c’est Sylvie qui filmait avec ma caméra le jour que
nous avons visité et vous pouvez donc me voir les mains dans la pâte! Vous
verrez d’ailleurs que je suis coiffée à l’africaine! Oui, oui, je suis passée
chez le coiffeur ici, toute une expérience que je vous raconterai un autre
tantôt.
Les
hygiénistes de mon équipe seront particulièrement intéressés par ce vidéo qui
démontre qu’il y a tout un travail à faire du côté hygiène industriel dans
cette entreprise, particulièrement du côté ergonomie et sécurité. Entre autres,
pendant le tournage de mon vidéo, le banc sur lequel 3 grands bacs étaient
installés pour le malaxage et le barratage est tombé, heureusement sans blesser
personne et sans renverser le beurre. Cela aurait pu causer des fractures aux pieds ou aux orteils puisque toutes
travaillent en tapettes (qu’on appellerait « gougounes » ici) ou
pieds nus! Et du beurre de karité renversé partout aurait pu causer de
nombreuses chutes puisque c’est extrêmement glissant.
Et pour
l’ergonomie, vous verrez que c’est un travaillant passablement éreintant
puisque ce sont des mouvements répétitifs avec le dos penché au-dessus du bac.
Je dois vous dire que j’ai une grande admiration pour Lise qui a une énergie
peu commune pour une femme de 75 ans. Alors que moi, j’ai dû interrompre le barattage
à un moment donné car mes bras se fatiguaient, elle a tenu sans broncher le rythme
de sa collègue africaine qui partageait le bac avec elle!